Des nouvelles de Cuba, musée du communisme, à travers leurs médecins exportés dans le monde...
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Or les Cubains sont en retard, en radiologie notamment. […] « Ils ont des techniques à l’ancienne, utiles sur un champ de bataille, parce qu’ils n’ont pas les machines. »
N’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, qui avait clamé « un peu vite » que Cuba possédait un vaccin contre le cancer du poumon, la fameuse excellence de sa médecine est invérifiable. Les médecins qui ont profité de missions pour déserter nous ont tous confié, au Brésil, avoir menti sur les chiffres. […] « Au Venezuela, ils exigeaient qu’on voie un nombre énorme de patients. Je ne pouvais pas les obliger à venir, je les inventais. Tout était supervisé, il fallait tout noter, même les patients inventés, ils vérifiaient les médicaments utilisés. On les cachait, on les rapportait à Cuba, ou on les donnait. » Cette pratique est aussi répandue à Cuba. Ana, à São Paulo, était à la polyclinique de Santiago : « Il fallait qu’on mente tout le temps ; par exemple, il ne fallait pas reporter les cas de dengue. C’était une véritable humiliation. Sur le Covid, c’est impossible de savoir combien de cas ils ont, ils mentent sur tout. »
[…] En mai 2003, Fidel, communicant de génie, proclame : « […] Mais nous serions capables d’envoyer les médecins nécessaires dans les zones les plus reculées. » En 2015, ils étaient 50 000, et, depuis 1960, les chiffres officiels en recensent plus de 400 000 dans 164 pays. […] Mais, en 2010, il a fallu expliquer l’importance des exportations dans les finances et le manque de médecins sur l’île. En 2018, les revenus des missions médicales, selon le Bureau national des statistiques, s’élèvent à 7,7 milliards de dollars, loin devant le tourisme, 1,25 milliard, et les transferts de la diaspora, 3,716 milliards en 2019 (The Havana Consulting Group). […]
Le pays hôte paie l’argent de poche sur place et les salaires au gouvernement cubain, qui reverse entre 5 et 25 % aux médecins, sur un compte sur l’île. Maguy Marie-Jeanne refuse de donner les chiffres, FO parle de 23 euros par jour. […] N’importe quel agent de ménage gagne plus. […] On nous interdisait de demander combien gagnaient les médecins locaux. […] Il était interdit de leur dire combien on gagnait. » […] Certes, le salaire d’un médecin en mission est supérieur aux quelques 50 euros qu’il touche sur l’île, où les Cubains paient 14 euros par mois en charges, 84 euros pour un forfait Internet, 170 euros un studio en centre-ville. Mais la population « lutte », sans transports, médicaments ou nourriture. Les sanctions n’expliquent pas tout : depuis la réforme de 2000, Cuba importe des produits agricoles et médicaux des États-Unis. Elle commerce avec la Chine, l’Espagne, la Russie… « On accepte de partir en mission pour améliorer l’économie de la famille, mais quand on rentre sur l’île, on voit que la situation empire. Je me demandais : “Que fait le gouvernement avec l’argent des missions ?” Quand on sort, on voit les photos des enfants des dirigeants qui vivent comme des millionnaires… », peste Yarennis.
La ponction des salaires est l’un des motifs de deux plaintes à la Cour pénale internationale contre Cuba pour « crimes contre l’humanité pour faits d’esclavagisme ». Les ONG Prisoners Defenders et Union patriotique de Cuba se sont appuyées sur 622 déserteurs. […] Angelo, au Brésil, relate : « Tu dois être rentré à 18 heures et le signaler au coordinateur. Sinon, s’il l’apprend, tu es sanctionné et tu perds ton salaire. Les gens nous demandaient comment était la réalité cubaine, on nous interdisait de répondre qu’on n’avait rien à manger, qu’il était impensable d’acheter une voiture. » […] La désertion entraîne le bannissement de l’île pendant huit ans, beaucoup ont été privés de l’enterrement de leurs parents.
[…] À l’hôtel, les quinze prennent leurs repas ensemble, dans un espace séparé. […] « J’ai tenté de parler aux médecins seuls, il y en a toujours un des deux qui surveille, décrit Mehdaoui. […] Un praticien du CHU a parlé en anglais d’un sujet technique avec l’une des médecins de la brigade, elle a été sommée par les surveillants de traduire la conversation en espagnol.
2020, Le Point 2506, 36-38