Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Bonjour à tous,

Avant de vous expliquer mon questionnement, je tiens à vous préciser que j'écris sur le salon géopolitique et pas sur la rubrique Civilisation Africaine car j'avais des doutes sur les limites temporelles de la rubrique.

Je suis tombé sur ce paragraphe qui est tiré du site du Haut-Commissariat des Droits de l'Homme de l'ONU : "Le phénomène persisterait encore chez certaines populations du Niger, notamment chez les Arabes, les Peuls, les Toubous et les Touaregs qui continueraient de disposer à leur guise d’esclaves, de leur travail, de leurs enfants et de leurs biens. Dans certaines sociétés comme dans la société zerma-songhaï, le chiffre « neuf » (yegha) serait utilisé pour désigner l’esclave et le chiffre « dix » caractériserait le maître, l’homme complet, a relevé M. Yeung Sik Yuen. Selon les chiffres de l’indice mondial de l’esclavage, en 2018, il existait environ 133 000 personnes victimes d’esclavage au Niger, malgré les décisions de justice et les campagnes de sensibilisations..."

https://www.ohchr.org/fr/news/2023/04/d ... desclavage

L'extrait présente bien les différentes formes d'esclavages et certains peuples acteurs de cet esclavage mais je n'arrive pas à comprendre s'il s'agit d'un esclavage au sein de chaque ethnie via un système de caste par exemple ou bien d'un système esclavagiste entre différentes ethnies avec une ethnie dominante qui réduirait en servitude une ethnie considérée comme dominée et servile.

Est-ce que vous pourriez m'en dire plus sur les acteurs de l'esclavage au Niger et qui en sont les victimes et les maîtres plus précisément ? Est-ce qu'il y a des motivations raciales ou religieuses ?

Merci d'avance pour votre aide.

La prédation esclavagiste reste présente dans de nombreuses ethnies sahéliennes musulmanes, notamment dans l'ancien empire malien (Mali, Sénégal, Niger, nord de la Côte-d'Ivoire), mais aussi aux marges du monde arabe (Mauritanie, Soudan, résurrection en Libye).

Historiquement, l'esclavagisme était endémique au nord de l'équateur en Afrique, c'était pour cela que les Arabo-musulmans et les Européens venaient s'y fournir en esclaves. Les colonisations européennes y ont mis un terme au XIXe siècle, avec des tolérances localisées et un retour s'instaure progressivement depuis le départ des administrations coloniales.

Motivations raciales ? Pas au sens des races définies par les pseudo-savants européens du XIXe siècle mais, oui, raciales et racistes si l'on considère le premier sens du mot race : la famille, la généalogie, le lignage. C'est une prédation de lignages sur d'autres, avec un biais patrilinéaire : ce sont, inconsciemment, les chromosomes Y qui priment, les propriétaires mâles pouvant frayer et obtenir une descendance officielle avec des esclaves femelles, comme c'est très souvent le cas dans les sociétés esclavagistes et pratiquant un racisme social.

Motivations religieuses ? Oui si l'on considère que les religions servent des politiques de domination "raciale" (généalogique). Par exemple, l'islam justifie et revendique l'esclavage des descendants d'un personnage biblique, assimilée aux soi-disant "Noirs", ou celui des mécréants.

Oui aussi pour des raisons souvent oubliées, par exemple le racisme des nobles européens, descendants des Francs, était originellement justifié par la prétendue origine divine des fondateurs de dynastie, dont les descendants ne devaient pas frayer avec des minus habens sous peine de rendre impur le lignage. De manière générale, toutes les familles où la bâtardise constitue une insulte cultivent et transmettent, consciemment ou non, un sentiment de supériorité raciale (familiale), souvent basé sur la patrilinéarité (concrètement, la transmission - officielle ^^ - du chromosome Y). C'est également constitutif des valeurs d'extrême droite, mais pas exclusivement. Cela prédomine dans le monde arabo-musulman, par exemple.

Mais l'on connaît des cultures où des fondateurs de dynasties peuvent revendiquer une origine divine et où l'adoption présente un pouvoir de filiation aussi puissant que la conception, comme chez certains nobles romains.