Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Les relations de la France avec divers pays africains, Niger, Mali, Burkina-Faso sont déjà très détériorées. D'après ce que j'ai lu ou entendu, il se pourrait que le Sénégal soit le suivant sur la liste, avec l'élection du nouveau président qui semble vouloir dénoncer les accords militaires et l'abandon du Franc CFA. La nature ayant horreur du vide, il semble que ce soit la Russie et la Chine qui occupent la place laissée par la France. Il semble que nous ayons multiplié les erreurs diplomatiques dans cette région, mais j'avoue que j'ignore à peu près tout de la politique de cette région.

C'est en même temps compliqué, car les situations de chacun des pays est différente, tout en ayant le même bouc émissaire, la France.

Dans la plupart de ces pays, quand les français sont partis, les pouvoirs qui se sont mis en place ont souvent fait comme les administrateurs français, ils se sont appuyés sur les élites traditionnelles. Or, il y a eu une forte poussée démographique et les jeunes générations se sentent bloquées dans ces sociétés. Sans compter, que les pays de la péninsule arabe ont massivement investi dans l'éducation en fournissant mosquées et centres islamiques clef en main et iman compris.

Les moyennes d'âges sont comprises entre 20 et 30 ans, donc, on a des pays où plus de 50% de la population à moins de 30 ans. Il y a souvent eu des détournements massifs de la part des élites politiques, mais aussi traditionnelles. Il faut lire certains articles de Jeune Afrique pour voir des entrepreneurs issus des jeunes instruits se plaindre des freins mis au développement du secteur économique. Et, comme la France a souvent soutenu les pouvoirs en place, pour de nombreux jeunes, tout ce qui va mal est de la faute de la France.

En ce qui concerne le franc CFA, les attaques sont aussi venues des USA, qui auraient aimé que le dollar prenne sa place comme monnaie supranationale.

Le Sénégal est un cas particulier, puisqu'il n'y a jamais eu de coup d'état.

Au Mali, la société civile est en train de changer d'avis et le gouvernement actuel perd tout ses soutiens, car sur le plan sécuritaire la situation s'est fortement dégradée. On accuse les russes d'avoir mis la main sur le secteur minier et d'abandonner le reste du pays à son sort.

Là-dessus vient s'ajouter la problématique environnementale. Il y a une crise agricole, car de fortes pluies ont détruit les récoltes. Du coup, le cacao est plus cher que le cuivre.

Un élément important : jusqu'à Hollande, les dirigeants français se sentaient un peu responsables de l'Afrique francophone soit par nostalgie impériale (Pompidou ; Giscard ) soit par sympathie pour le Tiers-Monde et volonté de coopération (Mitterrand, Chirac , Jospin et Hollande) .

Après les maladresses de Sarkozy, on assiste avec Macron à l'affirmation d'une complète indifférence pour le continent noir.

Mon interprétation est la suivante :Macron est un véritable européen. L'Afrique? Il s'en moque...

C'est bien cela et depuis Sarkozy ces peuples remarquent cette indifférence, voire ce mépris français.
Malgré les sentiments anticolonialistes qui agitent parfois une partie de ces populations, elles ont toujours eu à coeur de rechercher l'amitié de la France, pas seulement en raison d'un passé commun, mais essentiellement pour des buts de coopération dans une volonté de bénéficier d'un soutien à leur développement.
Sauf que la France ne veut et ne peut plus le faire : elle n'est même plus une puissance moyenne comme dans les années 1980, elle est devenue une puissance faible, dont les "valeurs" actuelles sont totalement étrangères à ces populations, qui préfèrent se tourner vers les Russes ou les Chinois, dont ils s'estiment désormais plus proches (ce qui est un comble).
A titre d'exemple, cela fera 50 ans dans quelques jours que le président Pompidou décéda. Le dernier à avoir eu un budget à l'équilibre et une dette nationale très faible (moins de 14% du PIB contre 120% aujourd'hui).
Le cas de la France n'est pas isolé : ces populations (du moins leurs élites) n'ont plus comme modèles les pays d'Europe de l'ouest, comme cela pouvait être le cas au XIXème ou au XXème siècles.
De leur esprit nous ne sommes pas seulement sur le déclin, mais dans une profonde décadence.
Leur presse reprend toutes les polémiques françaises sur ces politiques qui veulent protéger par la loi la vie des punaises de lit, sur les querelles byzantines à propos des transgenres à l'école, sur la GPA, sur notre alignement inconditionnel sur Washington, etc.
Impossible de demeurer aussi proches de voisins devenus aussi étranges, niant leur propre identité et ruinant le message messianique ancien.

Certains de ces pays étaient déjà passés dans le bloc de l'Est (Burkina-Faso, Mali...). En fait, leurs dirigeants oscillent entre les puissances qui les paieront et les protégeront le plus, ou les aident à prendre et garder le pouvoir.

Une agit-prop russe, succédant à la soviétique, anime des récits et des discours anti-français, souvent aussi efficaces que mensongers.

Mon premier réflexe fut "il s'en moque tellement qu'il en est parti trop tard. Les faits vous donnent tort. S'il s'en moquait, il serait parti il y a 5 ans, et en fanfare. Là, l'armée française est partie en bon ordre, mais politiquement, c'est un peu la queue entre les jambes.

Qu'aurait-il fallu faire ? Sérieusement ? Envahir le Mali et restaurer un gouvernement malien qui n'avait plus de soutien populaire ? Car c'était cela le fond du problème, les militaires maliens, qui ont pris le pouvoir et qui ont demandé le départ des soldats français, mais aussi de l'ONU et des autres pays africains, avaient un fort soutien populaire. La majorité des maliens pensaient que la situation ne pouvait pas être pire... Bon, maintenant ils sont fixés, ça pouvait l'être et ça l'est, pire.

Pour le Niger, l'ambassadeur est resté aussi longtemps qu'il a pu, sans être en danger.

Franchement, faut m'expliquer ce que la France aurait pu faire de plus...