Pouzet a écrit:
En tout cas merci beaucoup à vous Shalimar de faire revivre ce forum de géopolitique qui était mourant
De rien, mon cher Pouzet, c'est un plaisir. C'est un sujet passionnant. La géopolitique, c'est en quelque sorte l'histoire en marche, et comme en histoire, la réalité est souvent plus incroyable que la fiction. Quel besoin de regarder des films, on a tout sous les yeux, à condition de décrypter un peu les événements.
Barbetorte a écrit:
On n'installe pas des états d'esprit sur commande. Cet état d'esprit y était déjà, raison pour laquelle il y a eu rébellion contre le régime pro-communiste dès son installation en 1978.
Faudrait savoir... Des jeunes filles afghanes se baladaient en minijupe dans les années 70 et l'islamisme n'y existait pas (votre message du 1er octobre :
J'ai eu l'occasion de voir une photo prise dans une rue de Kaboul en 1970 : deux jeunes afghanes en mini-jupe. Inimaginable aujourd'hui. On ne peut raisonner sur cette période en ayant à l'esprit le contexte d'aujourd'hui. Tout a changé.). Et voilà maintenant que l'état d'esprit islamiste était présent (votre message de ce jour).
Alors quoi ? Présent ou pas présent ?
Au lieu de vous perdre dans les méandres de vos contradictions sophistiques, reconnaissez simplement l'islamisation de la société par l'alliance américano-pakistano-saoudienne qui devait idéologiser la résistance afghane et favoriser le djihad contre l'athéisme soviétique.
Citation:
Oui, cela continue vingt ans après. Les Etats-Unis sont toujours le Grand Satan : "les Américains ont les mains souillées et des intentions malsaines" (propos d'Ali Khamenei rapportés le 16 septembre 2014 par Bernard Guetta sur France Inter).
(...)
Le Temps, citant l'AFP, 5 octobre 2013 : Ali Khamenei, a critiqué samedi une partie du voyage du président Hassan Rohani à New York pour l’Assemblée générale de l’ONU lors duquel il a parlé à son homologue américain Barack Obama, et a affirmé ne pas faire confiance aux Etats-Unis
Vous me lisez ?
Vingt ans après : soit à la fin des années 90. Les relations se dégelaient tout doucement, les discours étaient moins tranchés, le président iranien Khatami voulait
ouvrir une brèche dans le mur de la méfiance selon ses propres termes.
http://www.liberation.fr/monde/1998/01/09/khatami-tend-la-main-aux-etats-unis-interroge-sur-cnn-le-president-iranien-a-donne-une-image-rassura_544558Au tournant du millénaire, un rapprochement était possible. Ca ne se serait pas fait sans problèmes, sans contretemps, mais c'était possible. Les attentats du 11 septembre 2001 auraient pu être le prétexte à une alliance de fait entre les deux pays contre l'ennemi commun : l'islamisme sunnite. L'administration Bush a, pour les raisons stratégiques que j'ai déjà expliquées, laissé passer une occasion historique de rapprochement irano-américain. Au contraire, l'Iran a été placé sur la liste des ennemis à abattre. Pas étonnant que le Guide suprême fasse maintenant ces déclarations... Effectivement, il est maintenant difficile pour les Iraniens d'avoir une quelconque confiance en les Américains.
PS : lâchez les dépêches de presse bébêtes, ouvrez des livres.
Citation:
C'est le contraire qui s'est passé et il ne faut pas s'en étonner : voir plus haut l'explication
L'explication en est l'agenda stratégique des Etats-Unis qui se foutaient éperdument de la guerre contre le vrai terrorisme islamiste puisqu'ils s'en sont systématiquement pris aux ennemis du djihadisme sunnite. A se demander d'ailleurs s'ils ne font pas tout pour favoriser la menace islamiste afin de conserver leur rôle de gendarme autoproclamé... La récente mise sous le boisseau de l'Europe pourrait s'expliquer ainsi (nécessité de recourir à la NSA et d'aligner sa politique étrangère sur celle de Washington pour éviter des attentats).
Citation:
C'est bien que vous reveniez la-dessus pour la deuxième, ou troisième fois. Cela met en évidence votre malhonnêteté et par conséquent jette le discrédit sur tout ce que vous pouvez avancer.
Je ne comprends pas le lien logique entre vos deux phrases.
Ca fait la deuxième ou troisième fois que vous parlez des
illuminatis, ce sujet doit vous passionner. Je préfère, moi, revenir deux ou trois fois sur un fait géopolitique. Chacun son truc...
Citation:
Cette citation est ce que vous me faites dire. Ce que j'ai dit est tout à fait différent :
- La poursuite d'un programme nucléaire par Saddam Hussein était plausible.
- L'administration Bush était convaincue qu'un tel programme était poursuivi.
- Mais elle n'en avait pas la preuve.
- Ne parvenant pas à convaincre de la poursuite d'un programme, elle a fabriqué de fausses preuves.
C'est ce que l'administration Bush a dit. Et vous, avec une naïveté confondante, vous rapportez religieusement et béatement ses dires, sans apporter d'ailleurs le moindre début de preuve ou d'argument. C'est ce que je disais plus haut : n'ayant à peu près aucune connaissance géopolitique et n'ayant rien lu sur ces questions, vous vivez dans le monde des dépêches de presse que vous rapportez sans recul, sans analyse. C'est avec ça que vous espérez tenir un débat...
Allez, pour votre édification :
Les 935 mensonges de l'administration Bush
Le Figaro, 23/01/2008
Une étude indépendante a comptabilisé les fausses déclarations du président américain et de son équipe sur l'Irak entre 2001 et 2003.
«Où est-il allé chercher ça?» C'est la question qu'aurait posée un responsable de la CIA sur les propos de Dick Cheney qui, en août 2002, avait affirmé : «Il n'y a pas de doute que Saddam Hussein a maintenant des armes de destruction massive». Les déclarations de George W. Bush et de ses proches collaborateurs sur le danger que représentait l'Irak entre 2001 et 2003 sont pointées du doigt par une étude publiée mercredi par le Center for public integrity et du Fund for independence in journalism.
«Le président Bush et sept hauts responsables de l'administration, dont le vice-président Dick Cheney, la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice, et le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ont fait au moins 935 fausses déclarations dans les deux années après le 11 septembre 2001 sur la menace que présentait l'Irak de Saddam Hussein pour la sécurité nationale», écrivent les auteurs qui ont passé au crible des centaines d'interventions publiques de hauts responsables du gouvernement. L'étude «montre que les déclarations ont fait partie d'une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l'opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de déclarations résolument fausses», en concluent les auteurs.
«Attaque chimique ou biologique en 45 minutes»
Pendant les deux ans précédant le début de l'intervention américaine en Irak, en mars 2003, «à 532 reprises (discours, point-presse, interviews, etc.), Bush et le secrétaire d'Etat Colin Powell, le secrétaire à la Défense adjoint Paul Wolfowitz et les porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleisher et Scott McClellan ont assuré que l'Irak avait des armes de destructions massives (ou qu'ils essayaient d'en produire ou d'en obtenir) et des liens avec al-Qaida, ou les deux», écrivent les auteurs. Un arsenal d'armes de destruction massive qui s'est révélé introuvable.
En septembre 2002, le président Bush avait affirmé, dans son allocution radiophonique hebdomadaire : «Le régime irakien possède des armes biologiques et chimiques, reconstruit des installations pour en fabriquer encore plus et selon le gouvernement britannique pourrait lancer une attaque chimique ou biologique en 45 minutes. Ce régime cherche à avoir la bombe nucléaire et avec des matériaux fissiles pourrait en fabriquer un en un an». «Ces affirmations vont largement au delà des évaluations de l'agence de renseignement, avait renchéri, à l'époque, le directeur de la CIA», George Tenet.Citation:
Comparez le Liban tel qu'il était en 1975 et tel qu'il est devenu : un pays sous tutelle de l'Iran par Hezbollah interposé.
Du grand n'importe quoi. Si le Liban est sous tutelle du Hezbollah, on se demande bien pourquoi le Hezbollah monte des alliances électorales avec le chrétien Michel Aoun pour arriver au pouvoir...
Et le Hezbollah lui-même s'est au fil du temps autonomisé de l'Iran et libanisé.
Citation:
J'oubliais aussi le Yemen où l'Iran se fait un plaisir d'agiter les chiites dans un pays au bord du chaos.
C'est ce que dit l'Arabie Saoudite dont vous reprenez tels quels les dires (c'est décidément une habitude chez vous...) Et dans la réalité ?
Citation:
Il vous faudra apprendre la différence entre être prêt à faire mais ne rien faire et faire. En outre l'intervention envisagée était liée à l'utilisation d'armes chimiques.
Ah ? Les pays occidentaux n'ont pas fourni de soutien logistique et diplomatique aux rebelles ?
Quant à l'intervention voulue par ces mêmes pays suite au bombardement de la Ghouta, on a à nouveau un bel exemple de distorsion de la vérité par des gouvernements voulant prendre n'importe quel prétexte pour bombarder Assad. Il existe encore de sérieux doutes sur les auteurs du bombardement chimique, les scientifiques du prestigieux MIT de Boston ont montré que la roquette ne pouvait venir que des zones rebelles et non des zones contrôlées par les troupes gouvernementales. Qu'à cela ne tienne : nos petits excités largement soutenus par une presse tout aussi excitée et jouant à fond le bourrage de crâne pour travailler l'opinion ont immédiatement montré du doigt Assad et présenté au public des pseudos rapports des services secrets pour "prouver" que Damas était coupable. Les députés britanniques et le président russe, eux, ont gardé la tête froide devant ce énième délire.
Citation:
Bahreïn : 765 km² - 1,2 M ha.
Timor Oriental : 15 000 km² - 1,2 M ha. Beaucoup plus petit en effet.
OK, erreur géographique de ma part sur la superficie de ces deux pays.
Et sur le fond ? Pourquoi les pays occidentaux et leur presse ont-ils pris fait et cause pour les printemps arabes sunnites et n'ont pipé mot sur le printemps arabe chiite de Bahreïn ? Pourquoi Ben Ali, Moubarak ou Assad étaient-ils qualifiés de
tyrans tandis que le roi de Bahreïn était invité à Paris avec le tapis rouge ?
Hypocrisie, deux-poids deux-mesures. Bref, la routine...
Citation:
Tout dépendrait de qui prendrait le pouvoir. Un régime de type iranien me paraît plus probable qu'un régime démocratique laïc. Donc intensification du prosélytisme sunnite radical à prévoir.
Je vous signale, puisque vous semblez l'ignorer, que l'Iran est une semi-démocratie bien plus avancée que notre "allié" obscurantiste saoudien.
Un régime de type iranien, ça veut dire des élections (imparfaites, mais élections quand même), des femmes qui votent... Voilà qui ferait entrer la dictature moyenâgeuse saoudienne dans la modernité.
La conséquence de la chute des Seoud sur le fondamentalisme islamique pose le même problème que dans la lutte contre la grande criminalité. Quand un chef de cartel de la drogue tombe, son organisation se fractionne, s'éparpille. D'où le dilemme des agences de lutte contre la drogue : vaut-il mieux laisser en place les parrains afin de "contrôler" plus ou moins le trafic ou les arrêter en courant le risque d'une fragmentation et d'une anarchie ? Après le 11 septembre, les Etats-Unis ont choisi de laisser en place le parrain saoudien. C'est un calcul à très court terme, comme on le voit avec l'apparition d'al-Nosra et de l'EI. Le parrain saoudien a continué de créer avec allégresse des mouvements djihadistes et il ne s'arrêtera que quand ses amis occidentaux lui diront d'arrêter. Ce n'est pas demain la veille...
Citation:
Comme on n'a pas encore inventé la machine à remonter le temps, c'est non seulement commode mais la seule chose qu'on puisse faire.
Regarder en face nos erreurs du passé peut permettre de ne pas les commettre à nouveau. Bien sûr, cela implique d'avoir des dirigeants intelligents et intellectuellement honnêtes, ce qui n'est évidemment pas le cas actuellement, eux qui font les mêmes conneries que les Britanniques il y a un siècle.
Citation:
Et comment fait-on pour que s'installe en Arabie Saoudite un pouvoir jetant aux orties le dogme wahhabite ?
Là, vous posez une très bonne question. Evidemment, maintenant ils sont des millions... Cependant, je lis que seuls 40% des Saoudiens se considèrent comme wahhabites. Ca laisse 60%. Il y a des salafistes, des chiites etc. Une Arabie Saoudite démocratique où les gens peuvent dialoguer pourrait faire diminuer la part wahhabite. Le problème est que le régime des Seoud fait évidemment tout le contraire. Dernier exemple en date : depuis janvier 2014, un décret criminalise l'athéisme qu'il associe au terrorisme ! Comment voulez-vous avancer vers un apaisement des passions religieuses dans ces conditions ?
Citation:
Un conseil sincère : prenez les faits tels qu'ils sont et non tels que vous avez décidés qu'ils devaient être, entendez ce que disent vos interlocuteurs et non ce que vous leur faites dire afin de les ridiculiser et, surtout, lisez Montaigne. Une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine. Fermez vos livres de géopolitique et ouvrez des livres de géographie. Cela impressionne moins dans les dîners en ville mais c'est beaucoup plus sérieux.
Montaigne, Tocqueville dans un autre message, que des sources essentielles pour la géopolitique

Vous avez oublié Max Weber ! C'est d'ailleurs curieux : à peu près toutes les personnes qui ne connaissent rien aux relations internationales ou à l'histoire se croient obligées de recourir à ces auteurs. Réflexe amusant...
Personne ne vous empêche d'aller vous amuser sur un forum de géographie. Au moins connaissez-vous quelque chose dans ce domaine (la superficie des pays), vous y aurez sans doute plus de succès...
