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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Lun 22 Fév 2016 20:49 
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Le joug du sunnisme est interpellé partout en Orient. C'est une "désunnisation" générale qui est à l’œuvre, pas seulement de la part des non sunnites, mais également de nombreux enfants de sunnites qui aspirent au libéralisme et ses accomplissements. C'est un des derniers grands bastions antilibéraux qui s'effrite, et nous en sommes les témoins contemporains.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Lun 22 Fév 2016 23:15 
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Paul Ryckier a écrit:
Carlo, un grand merci pour le lien:
https://www.youtube.com/watch?v=Kh8FnLJFTMA
j'ai suivi l'émission avec beaucoup d'intérêt.
Ce que j'ai trouvé sur l'auteur de la réaction:
http://www.cathobel.be/2013/08/26/la-sy ... e-peltier/
Et est-ce que vous avez déja lu les 6 commentaires d'aujourd'hui dans l'article de l'Express?

Cordialement, Paul.


Bonsoir Paul,

Oui les commentaires sont intéressants, d'autant qu'une des personnes interviewées dans le reportage répond à Marie Peltier. Cette dernière semble être une proche du père Dall'Oglio, un Jésuite qui avait une des rares personnalités chrétiennes à se montrer très critique vis-à-vis du régime (et dont le témoignage avait donc été très largement relayé dans nos médias). Il a disparu à Raqqa lors d'une tentative de négociation avec DAESH.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Mar 23 Fév 2016 12:49 
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Geopolis a écrit:
Le joug du sunnisme est interpellé partout en Orient. C'est une "désunnisation" générale qui est à l’œuvre, pas seulement de la part des non sunnites, mais également de nombreux enfants de sunnites qui aspirent au libéralisme et ses accomplissements. C'est un des derniers grands bastions antilibéraux qui s'effrite, et nous en sommes les témoins contemporains.


Votre appréciation me paraît bien optimiste.

Si on se reporte aux tendances en Égypte, en Arabie Saoudite, au Maghreb ou au Pakistan, je n'ai pas l'impression qu'on assiste à une "désunnisation" parmi les sunnites.

C'est une représentation par trop franco-centrée que de croire que l'aspiration à un mieux-être matériel serait forcément intithetique d'un attachement à un Islam militant.

C'est les deux mon général. Ils veulent à la fois un mode de consommation moderne, le satellite, internet, le téléphone cellulaire 4G, les grosses bagnoles et les piscines, les voyages en avion d'une part, et d'autre part le rigorisme religieux, autant comme marqueur identitaire que comme moyen de domination/légitimation. La vision du monde n'est pas fractionnée comme en Occident. Le religieux n'est pas séparé du sociétal, de l'économique et du politique.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Mer 24 Fév 2016 00:44 
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Caesar Scipio a écrit:
Votre appréciation me paraît bien optimiste.

En quoi une "désunnisation" est-elle optimiste ?
Caesar Scipio a écrit:
Si on se reporte aux tendances en Égypte, en Arabie Saoudite, au Maghreb ou au Pakistan, je n'ai pas l'impression qu'on assiste à une "désunnisation" parmi les sunnites.

Les extrémistes sunnites y exercent des violences parce qu'ils s'inquiètent, à juste titre d'ailleurs.
Caesar Scipio a écrit:
C'est une représentation par trop franco-centrée que de croire que l'aspiration à un mieux-être matériel serait forcément antithetique d'un attachement à un Islam militant.

Non, c'est une représentation historique, d'ailleurs la France est elle-même passée au crible du libéralisme, il ne reste presque rien de ses folklores antilibéraux : Ancien Régime, noblesse, phallocratie, dots, duels, etc.
Caesar Scipio a écrit:
C'est les deux mon général. Ils veulent à la fois un mode de consommation moderne, le satellite, internet, le téléphone cellulaire 4G, les grosses bagnoles et les piscines, les voyages en avion d'une part, et d'autre part le rigorisme religieux, autant comme marqueur identitaire que comme moyen de domination/légitimation. La vision du monde n'est pas fractionnée comme en Occident. Le religieux n'est pas séparé du sociétal, de l'économique et du politique.

Le confort libéral découle du marché libre. Pas de confort matériel généralisé sans les libertés individuelles inscrites dans les Droits de l'Homme, à commencer par celles d'entreprendre, de jouir de sa propriété et de contracter. De ces libertés-là découle la capacité de production, dont dépendent étroitement toutes les prérogatives politiques. Par son Histoire, la France est d'ailleurs mal placée pour en être bien informée, elle qui s'aventura si longtemps à placer les libertés politiques avant les libertés économiques, et qui s'y égare toujours quelque peu.

C'est plutôt une réalité néerlando-centrée, les Pays-Bas ayant imposé leur exemple à l'Occident, puis l'Europe centrale, le Japon et depuis dans l'ensemble des régions du monde.

Le centre de la tyrannie sunnite, qui la finance et l'inculque partout, est l'Arabie saoudite. Les Saoudiens sont improductifs et lestés dans leur improductivité par leur régime. La capacité de production saoudienne est concentrée entre les mains des Saoud, qui la délèguent à de serviables étrangers.
Citation:
Et je connais ces races abâtardies qui n’écrivent plus leurs poèmes mais les lisent, qui ne cultivent plus leur sol mais s’appuient d’abord sur les esclaves.

[...]

« Ils croupissaient dans l’illusion du bonheur qu’ils tiraient de biens possédés. Alors que le bonheur n’est que chaleur des actes et contentement de la création. Ceux qui n’échangent plus rien d’eux-mêmes et reçoivent d’autrui leur nourriture, fût-elle la mieux choisie et la plus délicate, ceux-là mêmes qui, subtils, écoutent les poèmes étrangers sans écrire leurs propres poèmes, jouissent de l’oasis sans la vivifier, usent des cantiques qu’on leur fournit, ceux-là s’attachent d’eux-mêmes à leurs râteliers dans l’étable et, réduits au rôle de bétail, sont prêts pour l’esclavage. »

Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle

Alors, les Saoud sont-ils encore capables de bâtir leurs épopées ?

Leur unique puissance est leur capacité de nuisance, qu'ils troquent contre l'asservissement de leurs interlocuteurs, domestiques comme étrangers.

Mais voici trois gages de leur décadence :

1. Regardez ce qu'ils ne manquent jamais de faire. Ils ne manquent jamais de filer en Occident s'adonner à ce qu'ils dénoncent hypocritement comme des vices, et tout le monde le sait. Ils ont déjà troqué le wahhabisme contre le confort. Derrière eux, par mimétisme des élites, tout le peuple est en train de fuir, moralement, la stérile tartufferie du wahhabisme. C'est comme les Est-Allemands : jusqu'au bout ces derniers tinrent les frontières en uniforme contre les fugitifs, et quand le régime a abdiqué, ils étaient tous occidentaux, malgré l'endoctrinement, malgré les mensonges et les professions de foi communistes.

Les Saoudiens ne rêvent tous, ou presque, que de "pécher". Et la plupart des sunnites ne le restent que par la tyrannie des rues sunnites. Pourtant, un jour, tous ces inquisiteurs se trouveront plus faibles que leurs victimes, comme en Irak et peut-être en Syrie, comme dans les Balkans sous les Ottomans. Cette "désunnisation" du monde fait partie de la révolution libérale qui emporte tous les folklores économiquement nuisibles.

2. Leurs adversaires montent en puissance, tandis que les Saoud rabrouent leurs alliés occidentaux et affaiblissent leurs auditeurs avec leur totalitarisme religieux.

3. Enfin, l'école achèvera inéluctablement Jéhovah, par lui le sunnisme, quand les lecteurs musulmans lèveront toutes les superstitions coraniques et non coraniques (telle la prétendue interdiction de l'alcool qui n'y figure pas...). Du Coran ne resteront validées que les rares sourates utiles (contre le vol, le mensonge, la complicité de crimes) et la masse des autocélébrations des croyants et de leur divinité suméro-cananéo-judéo-chrétienne.

***

Le réel problème sunnite est cette autre abomination que constitue un Pakistan possédant l'arme atomique ou nucléaire. Tôt ou tard, l'Iran et l'Inde se dépêtreront de leurs propres folklores antilibéraux et déclasseront les ultra-conservateurs sunnites des Indes. Il peut se trouver au Pakistan ou à travers lui des extrémistes sunnites qui s'accrocheront à leur pouvoir de nuisance pour dominer les autres ; néanmoins, même les Soviétiques ont fini par céder en dépit d'une puissance militaire, nucléaire, politique, matérielle, intellectuelle et morale bien plus considérable.

***

Les autres pôles sunnites annoncent la chute. Le Maghreb se sent de moins en moins "arabe" et reconnaît de plus en plus sa composante berbère, plus subtile et pragmatique. C'est carrément une "désarabisation" qui s'amorce. L’Égypte est déjà passée par bien d'autres religions que le sunnisme et se drapera de bien d'autres fois encore, pour peu qu'elle y trouve un intérêt national.

En somme, il ne faut pas juger l'avenir des sunnites sur l'excitation de leurs ultra-réactionnaires, pas plus qu'il ne fallait condamner les destins de la France, la Russie, l'Allemagne, la Chine ou le Cambodge, et tant d'autres, d'après leurs tyrannies indigènes. Ces colères, qui accompagnent les révolutions libérales, sont symptômes de frustrations et peurs de disparaître, symptômes de la lucidité de l'obscurantisme, autant d'hommages des vices antilibéraux aux vertus libérales. Jusqu'au moment où ceux qui troquent les tartufferies morales contre le confort libéral baissent les masques et lâchent prise.

Si de si puissants tyrans ont abdiqué en Europe, et ils pliaient la planète sous leurs lois, quelle chance de survie accordez-vous aux tyrans orientaux dans les siècles prochains ? Les tyrans sunnites ne pèsent que le poids des pétrodollars, sans lesquels ils ne tiennent que des lames contre le monde.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Mer 24 Fév 2016 22:02 
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Je pense que vous développez un raisonnement théorique qui a, certes, sa cohérence réelle, mais qui est en contradiction avec des faits pourtant constates dans de nombreux pays musulmans (essentiellement ceux qui ont été partie des empires ommeyyade et abasside, pas ceux qui se sont concerns par des voies pacifique, l'Iran étant une exception parc que la société iranienne contient en elle de puissants ferments libéraux).

Les faits constatés permettent d'établir qu'il y a une poussée du fondamentalisme islamiste.

http://www.jeuneafrique.com/135205/poli ... islamisme/

http://www.slate.fr/monde/81159/fondame ... ndu-europe

Par rapport à il y a 35 ans, le mouvement est net, fort, frappant et difficilement contestable.

Sur un autre sujet, les marxistes ont longuement discouru sur la chute inéluctable du capitalisme au nom du sens de l'Histoire et du matérialisme dialectique. On a vu ce qu'il en est advenu. Il s'agit là d'une façon de penser tout à fait occidentale. Sauf que le reste du monde, et notamment la partie du monde musulman qu'avaient recouverte les empires ommeyyade et abasside, ne partagent pas tous ces modes de pensée.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Jeu 25 Fév 2016 00:10 
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Caesar Scipio a écrit:
Les faits constatés permettent d'établir qu'il y a une poussée du fondamentalisme islamiste.

http://www.jeuneafrique.com/135205/poli ... islamisme/

http://www.slate.fr/monde/81159/fondame ... ndu-europe

Par rapport à il y a 35 ans, le mouvement est net, fort, frappant et difficilement contestable.

Justement, vous passez d'une période où l'ultime danger pour la planète était les tyrannies communistes, danger si puissant que les religions en étaient devenues insignifiantes, si vous vous en souvenez, avec la seule exception de l'Iran. L'extrémisme sunnite ne se voit que parce que le communisme, et avant lui la colonisation du monde par l'Europe occidentale, se sont estompés ; de même que les mammifères ne se développent que quand les reptiles du secondaire disparaissent, ou qu'un cancre moindre se manifeste dans une classe une fois le cancre principal neutralisé, l'extrémisme sunnite n'est qu'un minus qui ne se remarque que parce que de colossaux défis (communisme et colonisations occidentales, donc) ont été écartés par la planète, grâce, d'ailleurs, à la révolution libérale.

Ce que la révolution libérale fit aux super-puissances européennes, qui écrasaient le monde, elle le fera très facilement aux tyranneaux orientaux, qui peinent à écraser leurs propres populations déguenillées. Ces tyrannies suivent le même chemin que les autres, elles l'ont juste emprunté plus tard mais les conditions restent les mêmes : alphabétisation, contrôle des naissances et transition démographique, montée en puissance des acteurs économiques les plus modestes, contestations libérales et conquêtes politiques.

Par ailleurs, l'extrémisme sunnite, avant d'être totalement occulté par les démesures européennes (colonisations, URSS), était déjà battu en brèche sur toutes ses frontières (Espagne, Balkans, Afrique subsaharienne, Indes, Sud-Est asiatique) et à l'intérieur (révolution égyptienne, chiisme iranien, Sahel).

On a l'impression qu'il renaît parce qu'il a été écrasé un temps par la colonisation et le communisme, mais il est bien moindre qu'avant ces inflations européennes. Nous n'assistons qu'à des soubresauts (et encore, pas seul mais par la grâce de nombreux coups de pouce américains avec les décolonisations, l'Arabie saoudite, le Pakistan, l'Indonésie...), nous oublions à quel point il fut aisément dominé par l'Europe, une Europe sous-développée par rapport à aujourd'hui mais dotée d'une volonté irrésistible.
Caesar Scipio a écrit:
Sur un autre sujet, les marxistes ont longuement discouru sur la chute inéluctable du capitalisme au nom du sens de l'Histoire et du matérialisme dialectique. On a vu ce qu'il en est advenu. Il s'agit là d'une façon de penser tout à fait occidentale. Sauf que le reste du monde, et notamment la partie du monde musulman qu'avaient recouverte les empires ommeyyade et abasside, ne partagent pas tous ces modes de pensée.

Votre comparaison est absolument pertinente : le sunnisme est le communisme d'aujourd'hui, avec moins de puissance contre plus de pouvoirs. On s'extasie volontiers sur des tendances, on prend le 11 septembre et Daesh pour des destinations, ce ne sont que des directions contrariées par d'implacables vents antagonistes et de sinistres faiblesses internes. Le totalitarisme sunnite et le communismes partagent le même fantasme de victoire finale prédite par Le Capital ou le Coran ; les Occidentaux relaient leurs peurs du méchant barbare venu de l'Est, pourtant les nouveaux ennemis sunnites du libéralisme n'ont même pas la puissance en 2016 d'un Vietnam dans les années 1970. Et le monde n'a jamais été aussi sûr et pacifique depuis 1989.

Comparaison des puissances : bloc soviétique > Europe coloniale >> sunnisme > extrémisme sunnite


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Jeu 25 Fév 2016 07:38 
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Géopolis, je pense que vous oubliez un des grands invariants du genre humain : la tendance à subordonner notre individualité un Grand Tout qui nous dépasse, une cause/un idéal qui sert d'étayage identitaire car distinguant du reste du monde, et qui pousse à l'expansion voire à l'hégémonie. Mille exemples démontrent que la liberté ou le consumérisme ne sont pas les mobiles principaux des comportements ; la soif de pouvoir (individuelle ou collective) la surpasse de très loin.

Je vous propose à présent une dystopie. Supposons un instant, et ça ne me paraît pas pas totalement infondé, que Daech ou un successeur prenne de l'ampleur et se rende encore plus attractif grâce à des actions d'éclat et une consolidation géo-politique : l'Occident pourrait avoir face à lui une sorte d'URSS de l'Islam. Les querelles intestines du monde musulman sont un facteur qui contrarie un tel projet, mais il n'est pas inconcevable d'envisager qu'une telle organisation (Daech ou une autre) finisse par subjuguer les masses en se posant comme LA force qui permettra au monde musulman de surpasser voire asservir l'Occident. Imaginez un peu le frisson d'appartenir au groupe voué à la domination inéluctable, et que la légitimité divine pose comme supérieur à tout autre. Imaginez un peu la jubilation qu'éprouveraient plusieurs centaines de millions d'individus à l'idée de se venger de plusieurs siècles d'humiliation (toutes proportions gardées, le monde arabo-musulman m'évoque assez le peuple allemand en 1919). En pareil cas, les vieilles pétromonarchies et les états illégitimes (dans le tracé des frontières et l'équilibre des pouvoirs entre les différents groupes/clans) tomberaient les uns après les autres.

Les occidentaux (et en particulier les européens) ne feraient pas le poids s'ils étaient attaqués par une telle entité. Pour une raison bien simple : ils ne se défendraient vraisemblablement ou alors mollement et en dernier ressort. Cependant la dimension militaire me paraît finalement secondaire : on ne se défend pas uniquement grâce à des fusils ou des tanks. Ainsi me paraît-il de plus en plus certain que les occidentaux sont désarmés moralement. J'entends par là une absence d'idéal collectif transcendant nos existences, un projet de civilisation si vous préférez. Pire encore : les idéologies jusque lors défendues et qui étaient censées nous apporter prospérité éternelle, confort inaltérable, et liberté, vont sombrer dans le discrédit à mesure que la paupérisation se poursuivra, risquant même d'être un facteur supplémentaire de déstabilisation (si l'on retrouve le niveau de violence socio-économique d'autrefois, alors la violence des réponses politiques sera à l'avenant ; les gens n'arracheront plus des chemises mais se mettront carrément à éplucher au sens propre du terme).

Je vais sans doute choquer mais si la France n'est pas aimée, si tant de citoyens oeuvrent consciemment ou non à sa dissolution en tant que telle (de multiples façons : dénatalité donc extinction progressive à moins d'immigration, exil, transformation culturelle à travers l'importation de modèles/pactes sociaux extérieurs, mutation politique à travers je ne sais quels projets fédéraux, etc), c'est qu'elle n'est tout simplement pas aimable. Si elle l'était, les discours qu'il faut bien appeler anti-patriotes ne recevraient qu'un écho limité. Pour schématiser : les groupes à "identité forte" bouffent ceux à "identité faible", et si l'on veut recréer un élan collectif autour de nos identités occidentales, il faudra proposer autre chose que les évolutions politiques qui se dessinent. Ainsi je crains fort qu'une majorité de français n'aient, sur le long terme, pas envie de défendre la France telle que rêvée par bon nombre d'intervenants sur ce forum. Le sentiment d'impuissance et d'enfermement dans une situation pourrie engendre des pulsions suicidaires à l'échelle individuelle. Tâchons de proposer des alternatives à nos enfants si nous voulons éviter le suicide à l'échelle collective.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Jeu 25 Fév 2016 10:02 
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Zadrobilek a écrit:
Les occidentaux (et en particulier les européens) ne feraient pas le poids s'ils étaient attaqués par une telle entité. Pour une raison bien simple : ils ne se défendraient vraisemblablement ou alors mollement et en dernier ressort.

Où allez-vous chercher une prédiction aussi irréaliste ? Il ne suffit pas d'adopter un ton apocalyptique pour être dans le vrai.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Jeu 25 Fév 2016 17:08 
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pierma a écrit:
Zadrobilek a écrit:
Les occidentaux (et en particulier les européens) ne feraient pas le poids s'ils étaient attaqués par une telle entité. Pour une raison bien simple : ils ne se défendraient vraisemblablement ou alors mollement et en dernier ressort.

Où allez-vous chercher une prédiction aussi irréaliste ? Il ne suffit pas d'adopter un ton apocalyptique pour être dans le vrai.


Je n'imagine pas un seul instant les opinions publiques européennes (et a fortiori la française) soutenir une guerre si cet hypothétique "URSS de l'Islam" s'étendait au Maghreb (il y a tout lieu de le craindre pour l'Algérie entre autres) puis éventuellement ailleurs. Les peuples européens ont de sévères tendances munichoises et ne seraient absolument pas prêtes à payer le prix d'une telle guerre. Deux attentats sanglants par an, et nous avons encore des élans belliqueux ; deux par mois, et la plupart d'entre nous ne songeraient qu'à sauver leur peau et préserver une tranquillité relative à court terme.

Pour compléter ce que je disais plus haut, l'amour et le respect ne sont pas des dûs, ils se méritent, aussi bien pour un individu que pour une entité collective. Je crois qu'un peuple est capable de se priver de liberté et d'accepter de fortes inégalités (c'est la tendance esquissée par l'économie, elle-même conditionné par des choix politiques) à condition qu'un idéal collectif enthousiasmant vienne le légitimer, spirituel par exemple, ou à condition d'y trouver des contreparties (le sentiment de puissance collective). Par contre si on nous dit "il faut l'accepter, c'est comme ça et pas autrement, pragmatisme économique/compétitivité", pas besoin d'être un prophète de l'apocalypse pour comprendre que ça va très mal finir.


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 Sujet du message: Re: Etat islamique et conflit en Syrie
MessagePosté: Jeu 25 Fév 2016 21:56 
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Zadrobilek a écrit:
Je n'imagine pas un seul instant les opinions publiques européennes (et a fortiori la française) soutenir une guerre si cet hypothétique "URSS de l'Islam" s'étendait au Maghreb (il y a tout lieu de le craindre pour l'Algérie entre autres) puis éventuellement ailleurs. Les peuples européens ont de sévères tendances munichoises et ne seraient absolument pas prêtes à payer le prix d'une telle guerre. Deux attentats sanglants par an, et nous avons encore des élans belliqueux ; deux par mois, et la plupart d'entre nous ne songeraient qu'à sauver leur peau et préserver une tranquillité relative à court terme.


Donc nous intervenons partout dans des pays qui ne nous menacent pas (Lybie, Mali, Syrie, Iraq, Afghanistan...) mais si cette menace devient existentielle nous restons pétrifiés. C'est curieux comme comportement, non?

Zadrobilek a écrit:
Pour compléter ce que je disais plus haut, l'amour et le respect ne sont pas des dûs, ils se méritent, aussi bien pour un individu que pour une entité collective. Je crois qu'un peuple est capable de se priver de liberté et d'accepter de fortes inégalités (c'est la tendance esquissée par l'économie, elle-même conditionné par des choix politiques) à condition qu'un idéal collectif enthousiasmant vienne le légitimer, spirituel par exemple, ou à condition d'y trouver des contreparties (le sentiment de puissance collective). Par contre si on nous dit "il faut l'accepter, c'est comme ça et pas autrement, pragmatisme économique/compétitivité", pas besoin d'être un prophète de l'apocalypse pour comprendre que ça va très mal finir.


Un idéal collectif enthousiasmant? Je ne suis pas sûr que pour la plupart des musulmans vivre à Raqqa soit un idéal plus enthousiasmant que de vivre chez les "kuffars" à Londres ou Paris. En tout cas ceux que je connais sont plutôt content de vivre ici. Regardez en Syrie, les Sunnites vivent majoritairement dans les zones gouvernementales, les villes rebelles sont sous-peuplées. Je pense que l'humain cherche plus naturellement la tranquillité, et ce n'est pas vraiment une disposition qui avantage l'extension de groupes aussi platement fanatiques que l'ISIS.


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