Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Maintenant qu'on s'approche d'une trêve, on peut porter un jugement sur les erreurs de la Russie.

- en lançant une agression ouverte contre un Etat souverain, elle a perdu toute crédibilité en Occident (sauf aux yeux de Trump ?) ;
- elle a coupé ses liens économiques et culturels avec l'Europe et l'Amérique du Nord
- elle s'est placée dans la dépendance des Chinois (qui demanderont certainement un renvoi d'ascenseur à Taiwan ou ailleurs) ;
- elle a vu la Suède et la Finlande rejoindre l'OTAN ... ce qui n'avait jamais eu lieu sous al guerre froide
- elle a renforcé de façon durable le sentiment russophile en Ukraine avec laquelle une réconciliation sera longue à venir .

Pourquoi tout cela ?
Je vois trois raisons
1 - Poutine a été trompé par ses services de renseignements certainement (soit qu'ils aient menti pour lui faire plaisir soit qu'ils aient été mauvais)
2 - l'armée russe avait mal conçu son attaque, sous estimant son ennemi et n'ayant pas de plan B
3 - les Russes ont perdu la main en action politique non militaire : ils ne sont pas parvenus par la négociation à expliquer leur point de vue ni aux Ukrainiens ni aux Occidentaux. L'annexion de la Crimée par exemple aurait pu être évitée - et camouflée sous le masque d'une république autonome.

J'ajoute que Poutine a probablement surestimé son statut de grande puissance lié à sa position au conseil de sécurité et à son potentiel nucléaire.
Il a certainement cru que ce que Bush avait fait en Irak, il pourrait le faire en Ukraine.

A mon avis, c'est le contraire.

La Russsie a tenté de se rapprocher de l'Occident dans les années 90, Occident qui l'a repoussée, elle s'appuie donc désormais sur les Brics, tentant de refonder les non-alignés. Les pays non occidentaux commencent à en avoir marre des leçons de morale et veulent ne plus dépendre, ou moins dépendre d'eux. On l'a bien vu en Afrique où la France s'est fait éjectée très rapidement.

Il est vrai qu'elle est plus ou moins sous la dépendance chinoise, elle va certainement jouer un je de bascule entre Xi et Trump.

Pour les liens économiques et culturels, les premiers se renoueront vite parce qu'il y a des demandeurs et elle se fout des seconds qu'elle considère comme totalement décadent.

Oupps
Excusez ma boulette.
Évidemment la guerre a renforcé la russophobie des Ukrainiens.

Je n'ai pas l'impression que "l'Occident" ait repoussé la Russie. Il y a la signature de très juteux contrats de fourniture d'énergie envers divers pays de l'UE. Pour ce que j'en sais, la Russie n'a jamais fait acte de candidature pour intégrer l'UE. Je pense que le gouvernement russe était conscient que son modèle politique aurait dû être profondément remanié pour s'intégrer à l'UE. Il n'y a pas eu non-plus de demande explicite pour devenir un membre associé, comme le sont la Suisse ou la Norvège. Sur le plan économique, la Suisse est pleinement intégrée à l'UE, dans le sens où, vu la taille du marché européen, elle s'est alignée sur les normes européennes.

La Russie a toujours gardé une certaine distance vis-à-vis de l'UE. En fait, comme la Russie se considère comme une super-puissance, elle a souvent traité avec ses consœurs, USA et Chine. En Europe, elle a traité, autant que faire se peut, individuellement avec chacun des membres de l'UE.

je suis assez d'accord avec vous.

Les Russes ont été plutôt maltraités par les États Unis qui ont cessé de les prendre en considération comme grande puissance. Par exemple après 2003, les États Unis ont tenu pour normale la coopération russe contre l'Afghanistan.

L'UE n'était pas vraiment en mesure de proposer un partenariat euro-russe en substitution à la fin du continuum USA/URSS.

Les Russes auraient peut-être faire preuve d'imagination en développant leurs échanges avec nous en dehors du commerce - mais admettons que Poutine a fait beaucoup d'efforts pour coopérer avec Chirac et Schröder mais que cela n'a pas duré : Sarkozy et Merkel se sont plutôt tournés vers les États Unis.