Barbetorte a écrit:
La Chine ne soigne pas son image. Elle ne cherche pas à séduire mais à se faire respecter. Inspirer de la crainte y aide.
ça c'est peut-être la vision de certains cadres du PC chinois (et des militaires) mais on peut se faire respecter sans inspirer de la crainte.
Et puis c'est la première fois qu'un incident aussi spectaculaire se produit, alors que cet homme n'est sans doute pas le premier officiel chinois travaillant à l'étranger dont on s'aperçoit à Pékin qu'il a trempé dans une affaire de corruption. Jusqu'ici, les Chinois n'avaient jamais fait ce genre de vague.
Pour ma part je pensais (et je pense encore) que mis à part les tensions en Mer de Chine, les Chinois cherchaient à battre les Américains - et l'occident en général - sur le terrain du soft-power, c'est à dire en gros tout ce qui est susceptible d'accroitre leur puissance et leur influence à la fois politique et dans tous les domaines : économique, bien sûr, mais également technologique, scientifique, voire culturel, avec en particulier une politique d'implantation et d'investissements à l'étranger très diversifiée, à la fois pour leur profit et leur image.
Ce n'est tout de même pas anodin, par exemple, qu'ils aient réussi à acquérir un constructeur automobile haut de gamme (Volvo) ou qu'ils investissent dans des Châteaux du Bordelais et cherchent à se constituer un savoir-faire national en oenologie, ou encore à racheter des hôtels haut de gamme, etc...
Tout ça donne l'impression d'une progression silencieuse, mais qui débouche à terme sur des capacités colossales dans tous les domaines, et fortement implantées à l'étranger.
Oser afficher soudain leurs méthodes policières de rééducation, qui plus est sur un officiel chinois qui a réussi à prendre la direction d'un organisme international très connu, ce n'est pas anodin. Je pense qu'il faut y voir un acte délibéré de Xi Jin Ping, qui fait passer des messages :
- Aux Chinois : même un poste de haut niveau à l'étranger ne vous met pas à l'abri de la lutte contre la corruption.
- au reste du monde : son régime assure une discipline sans faille, d'une part, et ne plaisante pas avec la corruption, d'autre part.
J'irais jusqu'à dire : pour qui ne l'aurait pas encore compris, la Chine a désormais un nouvel empereur. (Ou un nouveau Mao, pour ce qui est de l'encadrement de la population.)
Très bien, on a vu, mais en même temps on ne peut pas dire que ça nous rende le pouvoir chinois plus sympathique. Si tout officiel chinois est ainsi escamotable, ça ne va pas faciliter le dialogue... Du point de vue de l'influence, je pense que c'est un faux pas.