Le salon géopolitique de Passion-Histoire

En fait, d'après divers témoignages, Trump se comporte comme il s'est comporté en tant que patron. Avant la discussion, il fait des déclarations exagérées où il demande beaucoup plus. Ensuite, devrait venir le temps des négociations. Négociations où les faibles vont perdre beaucoup. Mais, ceux qui tiennent sur leurs positions peuvent aller à un compromis honorable. Et, il faut se rappeler que le seul livre que Trump ait écrit porte sur l'art de la négociation.

Le problème est de savoir ce que veut Trump. Prenons le cas du canal de Panama. Se contentera-t-il d'une baisse du ticket de passage pour les bateaux battant pavillon américain, pour les marchandise américaine (et selon quelles modalités), ou exigera-t-il le départ des sociétés et des fonds chinois ? Donc, les négociateurs opposés aux américains ne savent pas quelles sont les lignes rouges, quels sont les leviers de négociation, bref, que négocier. Or, une baisse de 10% des droits de passages, ca n'a pas le même coût que rendre leurs milliards aux chinois et chercher des financements ailleurs et à quel prix.

Idem, coté canadien ou pour le Groenland. Les américains ont sûrement les moyens de prendre possession de ces deux pays. A quel prix ? Et avec quelles conséquences pour la stabilité mondiale. Après la chute du mur, on avait posé comme principe l'intangibilité des frontières. Or, c'est ce principe qui risque de voler en éclats, et les conséquences peuvent en être terribles. La Turquie vise une large part du Kurdistan, d'abord syrien, puis... Israël pourrait se créer un état tampon en Syrie. Et la liste est loin d'être close.

Sans aucun doute, mais là c'est visible comme le nez au milieu de la figure...
Personne ne peut prendre au sérieux un type agissant de la sorte. Il débute par des trucs invraisemblables déclarés sur un ton totalement étranger à la diplomatie, puis pense qu'on va suivre, même s'il baisse d'un cran ses exigences ? Le plus mauvais des agents immobiliers ne se comporterait pas de la sorte !

Bof, ça ressemble à une discussion pour fixer le prix d'une denrée à Rungis, on tâte le terrain en mettant un prix un peu haut, on s'engueule, puis on se rapproche pour finir par s'entendre. C'est que du classique.

Exactement. C'est l'habitude dans certains milieux, ce n'est pas le cas dans la diplomatie où de telles exigences peuvent mener à des guerres. Le problème est que les diplomates qui vont s'assoir à la table des négociations n'ont aucune idée des intentions réelles et des lignes rouges. Si on prend le Canada, la perte de l'indépendance avec comme "seul" avantage de devenir le 51 état, mais de perdre tout ce qui fait un pays... En fait, dans son "document", Trump ne met en avant que l'aspect financier : devenez américains et vous serez plus riches. Or, la société américaine vue des voisins ne fait pas spécifiquement plus envie que cela. Il n'y a pas de mouvement populaire au Canada pour devenir le 51e état de l'Union, mais pas non plus pour l'indépendance du pays.

Exactement. Et même si les techniques de l'olibrius sont désormais connues, il n'en reste pas moins qu'on ne peut pas aboyer ainsi face au reste du monde. Il risque de lui en cuire !
A la rigueur, si c'étaient les Etats-Unis d'un Nixon, de nombreux pays se laisseraient faire sans broncher par ces méthodes de barbare condescendant et méprisant, mais ce sont les Etats-Unis de Biden et de Trump, le pays étant bien moins puissant qu'au début des années 1970... Même diplomatiquement, Washington n'est plus à même de maitriser son empire. A ses marges ses vassaux font tout et n'importe quoi (Ukraine et Israël, entre autres) et la pax americana semble totalement se disloquer et ils en sont les premiers responsables depuis la fin des années 1990.
Pour moi Trump est représentatif de ce que sont devenus les Etats-Unis : une puissance en déclin ; un géronte beuglant, mais un géronte tout de même, succédant à un autre géronte.
Mauvais signe...

Bof, si on considère l'évolution du PIB entre les US et l'Europe, je n'ai pas l'impression d'un déclin aussi rapide que tu veux le dire.

Je ne suis pas certain que l'indicateur du PIB/habitant soit le meilleur pour qualifier la puissance d'un Etat, surtout avec le Luxembourg en tête...
Le PIB est par ailleurs contesté comme indicateur de puissance économique. L'argent cela a beau se "produire", ce n'est pas avec qu'on construit des ustensiles de cuisine, une automobile, des obus ou encore un smartphone.
C'est aussi ce que le conflit en Ukraine entre la Russie et les Etats-Unis et ses alliés nous a appris : un pays qui a le PIB de l'Espagne (chiffres d'avant l'invasion de 2022) est capable de produire plus d'armes et plus rapidement que toutes les économies du G7.

Celui du PIB - malgré les nuances rappelées plus haut - me semble plus juste (encore que je ne comprends pas bien les raison de la place de l'Inde dans ce classement... ).
Certes, les Etats-Unis sont toujours en tête et ont de beaux restes, mais
1° leur avance des années 1970 a totalement fondu (les EU avaient un PIB cinq fois plus grand que le second, alors le Japon)
2° je pense que cet indicateur est obsolète

Trump nous impose un changement de paradigme de la vie politique internationale assez radical :

- il replace l'intérêt national (et même la grandeur nationale) au centre des objectifs gouvernementaux ;
- il rejette la légitimité du libre échange ;
- il refuse les considérations écologiques et veut remettre l'industrie manufacturière au centre de la croissance économique ;
- il refuse les discriminations positives;
- il renonce au principe d'intangibilite des frontières ;
- il considère la force militaire et la pression douanière comme des instruments légitimes;
- il considère également que la politique prime le droit.

On verra bien où tout cela nous mène...sans doute vers un monde moins stable et peut-être aussi moins hypocrite ?

Votre point 1 et 2 étaient aussi ceux des démocrates. Le programme IRA n'est pas de Tump.
Les 3 et 4 sont à usage intérieur.
Le 5, quelles frontières ? Je ne crois pas au Groenland.
Le 6, Quand on a des muscles, on les montre.
Le 7. Rien de bien neuf, déjà Bismarck disait que la force primait le droit, même s'il s'est toujours défendu d'avoir dit cette phrase.

Il montre, surtout, une profonde méconnaissance historique sur ce qui a fait la grandeur des USA. L'une des causes qui a internationalisé la crise de 1929, c'est le recours massif aux protections douanières. C'est pour cela qu'à la fin de la guerre, les USA ont créé l'OMC et toutes les instances de régulations. C'est là où le leadership américain s'est installé. En voulant détruire cela, il risque de déstabiliser le commerce mondial, et arriver à un résultat contraire de celui qu'il a "vendu" à ses électeurs. Pour vendre, il faut des acheteurs solvables. Et les acheteurs ne peuvent être solvables que si, eux-mêmes, vendent des choses. Cela peut sembler trivial, mais vouloir ramener aux USA toutes les industries qui vendent des produits aux américains ruineraient les USA...