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Comment expliquer dès lors que les italiens se soient bien intégrés en France et moins bien aux Etats Unis par exemple?
C'est inexact, les italiens se sont bien intégrés aux US, et leur réussite sociale et économique y est dans l'ensemble supérieure à celle des italiens français, tout simplement parce que les US, du moins à une époque, avaient un meilleur ascenseur social et offraient plus d'opportunités. Comme le montre l'exemple de la comunauté asiatique, on peut avoir un fort esprit communautaire, avoir gardé son identité et être néanmoins bien intégré.
L'intégration réussie ne signifie pas nécessairement la disparition de tout ce qui vient de la culture d'origine, ce sont deux choses distinctes, qui peuvent, ou pas, coincider.
Il est difficile de discuter d'intégration si l'on ne part pas de réalités constatées, de constats sociologiques, mais simplement d'impressions subjectives, de "on dit", et de stéréotypes datés.
D'autre part, il est important d'éviter les à peu près dans le décodage des analyses des messages postés. Je n'ai pas dit que seules les élites pouvaient bien s'intégrer, certes l'argent facilite mais d'autres facteurs sont plus importants; la preuve en est les asiatiques, qui ne sont pas une immigration élitaire, et qui poyrtant sont bien intégrés à peu près partout.
J'ai dit que l'intégration était facilitée si les différences culturelles (normes de comportement, valeurs) entre cultures d'origine et culture d'accueil n'étaient pas radicales et s'il existait des points de convergence entre elles.
Or si ces points de convergence peuvent être majorés dans le cas d'élites occidentalisées, ils peuvent être aussi très importants quand c'est la culture de la société toute entière qui est proche (sur certains points essentiels) de celle du pays d'accueil comme dans le cas de la Chine, sans qu'il y ait occidentalisation. Je le répète; c'est la compatibilité culturelle qui facilite l'intégration.
Vous me citez l'exemple italien en France, c'est un bon exemple de haut degré de compatibilité culturelle entre culture d'origine et culture d'accueil: deux cultures latines, deux langues proches, même religion catholique solidement enracinée, un paysan de l'arrière pays provencal est peu différent dans ses moeurs, sa nourriture et son mode de vie d'un paysan de diverses régions rurales d'Italie.
Deux pays très culturo-compatibles donc. Peu de difficultés d'intégration à terme, rien d'étonnant.
Quant aux difficultés d'intégration des Algériens dues à la guerre d'Algérie, ça ne joue que de façon minime, car d'autres groupes musulmans qui n'ont pas eu ce problème avec la France présentent des difficultés d'intégration identiques ou pires.
Les difficultés d'intégration ne viennent pas, comme voudraient le faire croire certains idéologues, de causes complétement éxtérieures (racisme, xénophobie, etc) aux peuples concernés, sinon toutes les populations immigrées non-européennes seraient logées à la même enseigne, et victimes des mêmes discriminations.
Or tous les groupes immigrés ne sont pas traités et vus de la même façon dans les pays d'accueil, certains ont une bonne image--dans l'ensemble-- (asiatiques, portugais, certains pays de l'Est considérés comme dur à la tâche et sérieux, immigrants du Canada français au XIXe aux US etc).
Certaines communautés sont "mal vues" parce que les normes et codes de leur culture d'origine non seulement sont très éloignés de ceux de leur pays d'accueil mais en apparaissent comme la négation ou même la violation: une des normes culturelles en vigueur dans nombre de pays arabo-musulmans est le traitement considéré comme particulièrement oppressif des femmes, traitement qui est vu comme "barbare" et brutalement discriminatoire dans les pays occidentaux (qui sont cependant loin d'être arrivés à une réelle égalité des sexes tout de même).
Pourtant, le fait que des hommes issus de ces cutures continuent à pratiquer les meurtres d'honneur, le confinement et le voilage des femmes, et autres coutumes que nos cultures trouvent choquantes, n'est pas à attribuer à une malfaisance ou immoralité personnelle de ces hommes--je veux dire, ils n'en sont pas responsables individuellement--ils ne sont que formatés à ces normes, et ne font que les reproduire.
J'ai connu au Maroc des hommes que je considérais comme des hommes très bien et qui non seulement disaient qu'ils battaient leur femme mais pensaient que c'était absolument normal, qu'il n'y avait pas de quoi en faire une histoire.
Ils n'étaient pas responsable de ces comportements négatifs mais ces types de comportement sont néanmoins ce qui les empêcherait d'être acceptés, qui leur vaudront d'être discriminés plus que d'autres groupes, qui causera leur échec social dans leur groupe d'accueil et fait obstacle à leur intégration.
Ce n'est donc pas ces hommes qu'il faut mettre en accusation, mais certains de leurs comportements qu'il faut les amener à remettre en question et à changer.
La droite dit que de tels hommes sont intrinséquement mauvais et coupables, la gauche dit non seulement que rien n'est de leur faute mais nie que ces comportements d'échec et d'autoexclusion existent. Les deux attitudes sont idéologiques, les deux attitudes font également obstacle à tout processus d'intégration réussi.