Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Salut ! Franchement, le tableau que vous dressez fait froid dans le dos… Entre les alliances qui n'ont ni queue ni tête et les partis qui jouent au billard à trois bandes pour dégager untel ou faire tomber bidule, on dirait un feuilleton politique sans fin. J’ai l’impression de revivre les heures les plus folles de la IVe, version 2.0 avec réseaux sociaux et clashs permanents. Et pendant qu’on regarde nos élus se tirer dans les pattes, les "grands" comme Trump, Xi ou Poutine nous regardent, pop-corn à la main. C’est plus du soft power là, c’est carrément du slapstick diplomatique…

Le problème est que nous avons une foule d'hommes politiques et aucun homme d'état capable de voir plus loin que les prochaines élections. Et ce n'est pas que chez nous.

Oui mais Pourquoi à votre avis ?

Il fut un temps où une partie de "l'élite" choisissait la politique, avec une vision, bonne ou mauvaise, de l'avenir du pays. Ils avaient une culture historique certaine, voire exceptionnelle quand on lit un de Gaulle ou un Pompidou et même un Mitterrand.

Désormais, ces élites se sont tournées vers le privé, car le service de l'Etat ne veut plus rien dire. Quand je vois un député qui ne sait même pas qui est Pétain, cela donne une idée du niveau. Sont-ils là pour servir l'Etat ou leur petite carrière. Celui dont je parle est à gauche, mais on trouverait le même à droite.

A cette question revient une troisième, le peuple est il suffisamment éduqué pour avoir une vision de l'avenir ? De mon temps (voilà le vieux con qui reprend le dessus), nous avions des cours d'instruction civique. Il semble que désormais, les problèmes de genre aient pris la place.

Je suis mûr pour rester dans ma thébaïde avec quelques discussions comme celle-ci et mes grimoires.

Je trouve votre analyse très intéressante cher Jean Marc.
Mais pourquoi sommes nous arrivés à la situation que vous décrivez ? Telle est la vraie question…

Dans les faits Meloni fait ce qu'avait fait Sarkozy. Un discours public à droite, voire très à droite pour Meloni. Mais, une politique de centre-droit.

Mais, l'Italie ne s'en tire pas aussi bien que cela. Dans un premier temps de nombreux indicateurs avaient montré une amélioration. Plus que la politique de Meloni, ce qui serait en cause c'est l'aide reçue provenant de l'UE. J'en vois les effets lors de mes visites en Italie dans les Pouilles et en Émilie-Romagne. Les Pouilles étant une région historiquement pauvre, elle est plus aidée. Le réseau routier y est en cours de rénovation. On y a construit de nombreux entrepôts, les champs se sont couverts de serres et de nombreux travailleurs immigrés y travaillent comme saisonniers. En Émilie-Romagne, région plus riche, donc moins aidée, il y a très peu de différences par rapport à ce qu'on pouvait voir il y a une dizaine d'années...

L'inflation étant plus importante qu'en France, le nombre de pauvres augmente et les pauvres deviennent plus pauvre. En fait, il y a un autre phénomène, l'Italie étant un pays de "vieux", ceux-ci s'appauvrissent car les pensions ont été drastiquement baissées lors de la crise de 2007-2008 et ils subissent l'inflation de plein fouet. Il y a de nombreuses personnes âgées de plus de 70 ans qui cumulent une pension et des travaux d'appoint. C'est le cas de la plupart de mes oncles... Quand ils deviennent trop vieux pour travailler, s'ils n'ont pas l'aide de la famille, ils sombrent dans la pauvreté.

Les travailleurs s'en sortent un peu mieux. Mais ceux qui s'en sortent le mieux, ce sont les commerçants et les entrepreneurs. Ce sont eux qui votent à l’extrême-droite... L'Italie est le pays de la petite entreprise.

Heu comment vous dire Narduccio le thème de ce fil est la stabilité gouvernementale pas la plus ou moins grande réussite des gouvernements en place…
Je trouve bizarre que l’Italie qui a connu des décennies d’instabilité semble avoir trouvé un équilibre au moment où la France et d’autres s’engagent sur la voie de l’instabilité… c’est tout et ne préjuge pas des politiques effectivement mises en œuvre.

Si le PIB augmente, le nombre de pauvres augmente aussi puisque celui-ci est calculé sur le revenu médian. Je ne sais pas comment sont calculées les retraites en Italie, mais si c'est un système par répartition, nous sommes dans un pyramide de Ponzi, tout va bien si la base est large et le sommet pointu, mais lorsque c'est l'inverse, le système s'écroule. Ca a valu à Madoff de mourir en prison. Une portion non négligeable de la population est touchée et voit son revenu baisser. Il n'y a pas de solution immédiate, à part augmenter les impôts ou emprunter à l'extérieur. Augmenter les impôts appauvrit mécaniquement le tissu économique ou relance l'inflation, quant à l'emprunt, il faut le rembourser, même si on fait de la cavalerie.

Cela se régularisera peut être avec le décès de ceux qui sont nés après-guerre, mais je ne serai plus là pour le voir.

Avec les Trente Glorieuses, on n'est pas au bout des anciens qui touchent aujourd'hui des bonnes retraites, et les retraités forment même la part la plus riche de la pyramide des âges.
Pourtant dès qu'on parle d'augmenter les impôts sur les retraites il se trouve des politiciens pour bêler qu'on s'attaque à de pauvres vieux sans défense.

Oui, c'est ça la politique. Mais quand j'avais mon échoppe et que j'expliquais que notre système de retraite était une pyramide de Ponzi, j'avais beaucoup de mal à le faire comprendre. Il faut dire que l'ignorance des Français en matière d'économie est abyssale. Mais c'est un acquis de la Libération, ce n'est pas pour ça qu'ils n'ont pas fait de conneries.