Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Exact, c'est même une spécialité française.
Depuis 1992 les gouvernements de tous les bords politiques ont signé les traités qui ont fait de l'UE ce qu'elle est aujourd'hui.
Sauf qu'ils ne l'ont jamais assumé devant les citoyens-électeurs, inventant le trop facile "c'est la faute à Bruxelles", "on ne peut plus rien faire", etc.
Mais qui a décidé pareil transfert de compétences ? Certainement pas les institutions européennes qui n'en sont que le résultat.
Au passage, on a toujours placé des personnages politiques obscurs et médiocres dans les positions éligibles pour être eurodéputé. Les chefs de partis généralement démissionnaient une fois les élections passées. Ce mélange de mépris, de dédain pour la chose créée, mais également d'excuse lorsque quelque chose ne fonctionnait pas dans le pays s'est également retourné contre la classe politique française.

Ce n'est pas une spécificité française. Elle existe aussi, au moins, en Italie. Et, elle y est très généralisée. On dirait que tout ce qui ne fonctionne pas serait imposé par Bruxelles, ou par Berlin en accord avec Paris. Pour de nombreux italiens, Bruxelles est sous la domination de Paris et/ou de Berlin. Ce qui explique une partie du ressentiment anti-Macron exprimé par des extrémistes italiens. Il y avait un fort ressentiment anti-Merkel qui s'est reporté contre Macron. En fait, il y a une généralisation du "ce n'est pas nous les responsables, nous sommes obligés d'appliquer cela par..."

Quand je compare ce qui se passe en Italie avec ce qui se passe en France, je relativise beaucoup de choses, car les mêmes causes y donnent des résultats différents. Parfois simplement car on a appliqué les règlementations européennes de manière différente.

Vous simplifiez un peu.

Pour une part nos politiciens sont heureux effectivement de n’assumer aucune responsabilité. Comment un socialiste aurait il pu sérieusement assumer l’indépendance de la banque de France sans le cache sexe de Maastricht ?

Pour une autre part nos administrations sont en fait assez contents aussi de s’appuyer sur la commission et la CJUE pour imposer leur vision libérale (le cercle de la raison cher à Minc).

Mais il ne faut pas nier que la Commission est désormais assez fortement marquée par la culture mondialiste et défend depuis longtemps un agenda assez comparable à celui du parti democrate américain …et sur notre pays est totalement discrédité par son déficit budgétaire récurrent …

Vos rappels sont fort exacts, mais je trouve qu'ils illustrent également ce sentiment d'irresponsabilité d'une partie de nos élites politiques.
Ce qui, bien entendu, alimente les ressentiments anti-politiques de nombreux citoyens. (j'avoue que cela me gêne beaucoup d'écrire "anti-politique" pour caractériser un citoyen.... )

Si Minc est libéral, moi je suis le pape.

Nous sommes actuellement dans un moment bien étrange : le régime de Kiev est sur le point d'être défait, son créancier principal souhaite le lâcher en rase campagne, voyant que les carottes sont cuites, mais un trio en Europe occidentale, sans argent ni armées, souhaite poursuivre le conflit en inventant la fable que Moscou a des vues sur tout le continent - plus le mensonge est gros, plus on y croit visiblement ! - et fait tout ce qu'il peut pour empêcher les négociations de paix d'aboutir (ce n'est pas neuf, Londres avait déjà fait capoter celles d'avril 2022).
Je n'arrive pas bien à comprendre leur vision et quel aveuglement pousse ces histrions a poursuivre pareille tragédie.
Il y aura des pages à rédiger par les historiens du futur pour qualifier pareille politique.
Dans ce conflit Washington aura obtenu - au moins à court et moyen terme - ce qu'il recherchait : couper tout pont entre l'Allemagne, l'Europe occidentale et la Russie.
Mais là, l'Europe occidentale risque de couper un lien supplémentaire avec son seigneur d'outre-atlantique pour se lancer une politique folle.
Nihilisme ? Suicide ?
J'avoue ne pas très bien comprendre à quel jeu jouent ces messieurs.

Pour Londres, c'est la politique traditionnelle britannique qui combat toujours le plus puissant du continent. Pour le reste, les menaces de guerre sont un moyen pratique de faire oublier tout ce qui ne marche pas en Europe. C'est un vieux moyen classique. Nous avons fait l'inverse que ce préconisait Bismarck, ne jamais se fâcher avec la Russie; Nous aurions joué le jeu en favorisant les négociations plutôt que de prêcher la guerre, faite avec du sang ukrainien que notre économie ne s'en porterait que mieux. Mais pour cela, il faut connaître l'Histoire, mais ces messieurs (et dames, tu vas te faire taper sur les doigts!) ne la connaissent plus, ou mal. Ce que je vois, c'est que nous payons une énergie hors de prix qui détruit notre industrie (pour la France, c'est déjà fait, mais nous n'avons pas eu besoin d'aide), que l'Europe par son jusqu'auboutisme est sortie du jeu diplomatique, qu(elle fera bientôt partie des mondes émergents et qu'elle est en train de sortir de l'Histoire qu'elle animait depuis le XVème siècle.

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles a écrit Paul Valéry, nous y sommes.

Ce même Valéry qui écrivait en 1938 : "L’Europe aspire visiblement à être gouvernée par une commission américaine. Toute sa politique s’y dirige. Ne sachant nous défaire de notre histoire, nous en serons déchargés par des peuples heureux qui n’en ont point ou presque point. Ce sont des peuples heureux qui nous imposeront leur bonheur."


C'est surtout une suite de sa politique dite du "grand jeu" datant du XIXème siècle, sauf qu'elle n'a plus les moyens de le mener contre le vieux rival russe.
Je n'ai jamais perçu chez une nation plus de russophobie que chez elle.

Effectivement, les puissances d'Europe occidentale sont en train de sortir de l'histoire et ce n'est pas la première fois que nous le constatons ici.
Il demeure un léger doute pour Berlin - qui commence à s'armer comme à la grande époque ! -, mais pour les autres la messe est dite.

L'industrie allemande est en grande difficulté, avec une Energiewende qui est une catastrophe et des coûts energétiques en hausse massive, et l'industrie n'est jamais que de l'energie transformée. Il faudra aussi qu'ils comprennent que les EU ne sont pas leur allié, qu'ils ont conservé cette sage parole de de Gaulle que les nations n'ont pas d'amis, mais des intérêts et que leurs intérêts sont désormais ailleurs.

C'est certain, mais malgré ses difficultés actuelles elle a encore le mérite d'exister. En France on la cherche...